GRIMM BRÜDER

Title:LES TROIS FILEUSES
Subject:GERMAN FICTION Scarica il testo


Jacob et Wilhelm GRIMM


LES TROIS FILEUSES


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Il était une fois une fille paresseuse qui ne voulait pas filer le lin. Un jour,
sa mère se mit si fort en colère qu'elle la battit et la fille pleura avec de
gros sanglots. Justement la reine passait par là. Elle fit arrêter son carrosse,
entra dans la maison et demanda à la mère pourquoi elle battait ainsi sa fille.
La femme eut honte pour sa fille et dit :
- Je ne peux pas lui ôter son fuseau et elle accapare tout le lin. La reine lui
répondit :
- Donnez-moi votre fille, je l'emmènerai au château ; elle filera autant qu'elle
voudra.
Elle la conduisit dans trois chambres qui étaient pleines de lin magnifique.
- Maintenant file cela, dit-elle, et quand tu en auras terminé, tu épouseras mon
fils aîné.
La jeune fille eut peur : elle ne savait pas filer le lin. Et lorsqu'elle fut
seule, elle se mit à pleurer et resta là trois jours durant à se tourner les
pouces. Le troisième jour, la reine vint la voir. La jeune fille prit pour
excuse sa tristesse qui l'avait empêchée de commencer. La reine la crut, mais
lui dit :
- Demain il faut que tu te mettes à travailler !
Lorsque la jeune fille fut seule, elle ne sut de nouveau plus ce qu'elle allait
faire et, toute désolée, elle se mit à la fenêtre. Elle vit trois femmes qui
s'approchaient. La première avait un pied difforme, la deuxième une lèvre
inférieure qui lui couvrait le menton et la troisième un pouce
extraordinairement large. Elle restèrent plantées sous la fenêtre, regardèrent
en l'air et demandèrent à la jeune fille ce qui lui manquait. Elle leur expliqua
ce qu'elle voulait. Les trois dirent alors : - Si tu nous invites au mariage, si
tu n'as pas honte de nous, si tu nous dis tantes et si tu nous faire prendre
place à ta table, alors, très vite, nous filerons le lin.
- De tout coeur, bien volontiers, dit-elle. Venez ici et mettez-vous tout de
suite au travail.
Elle fit entrer les trois femmes étranges et leur installa un coin dans la
première chambre, où elles se mirent à filer. L'une tirait le fil et faisait
tourner le rouet, la deuxième mouillait le fil, la troisième frappait sur la
table avec son doigt et une mesure de lin tombait par terre à chaque coup de
pouce.
La jeune fille cacha les trois fileuses à la reine et, chaque fois qu'elle
venait, elle lui montrait l'énorme quantité de lin déjà traitée. La reine ne
tarissait pas d'éloges. Lorsque la première chambre fut débarrassée, ce fut au
tour de la deuxième et, finalement, de la troisième. Alors, les trois femmes
prirent congé de la jeune fille en lui disant :
-N'oublie pas ce que tu nous a promis, ce sera pour ton bonheur !
Lorsque la Jeune fille montra à la reine les trois chambres vides et le lin
filé, celle-ci prépara les noces et le fiancé se réjouit de prendre pour épouse
une femme aussi adroite et il la loua fort.
- J'ai trois tantes, dit-elle, et comme elles ont été très bonnes pour moi, je
voudrais bien ne pas les oublier dans mon bonheur. Permettez que je les invite à
ma table.
La reine et le fiancé répondirent :
- Pourquoi ne les inviterions-nous pas ?
Lorsque la fête commença, les trois femmes arrivèrent magnifiquement vêtues et
la fiancée dit :
- Soyez les bienvenues, chères tantes.
- Oh ! dit le fiancé, comment se fait-il que tu aies de l'amitié pour d'aussi
vilaines personnes ?
Il s'approcha de celle qui avait un pied difforme et lui dit
- D'où vous vient ce pied si large ?
- D'avoir pédalé au rouet, répondit-elle.
Il vint à la deuxième et dit :
- D'où vous vient cette lèvre pendante ?
- D'avoir léché le fil, répondit-elle.
Il demanda à la troisième :
- D'où vous vient ce pouce si large ?
- D'avoir tordu le fil, dit-elle.
Alors le fils du roi dit :
- Que plus jamais ma jolie fiancée ne touche à un rouet.
Et c'est ainsi que la jeune fille n'eut plus jamais à faire ce qu'elle
détestait.



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