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GRIMM BRÜDER
Title:TOM POUCE OU L'HISTOIRE DU VRAI PETIT POUCET
Subject:GERMAN FICTION
Jacob et Wilhelm GRIMM
TOM POUCE OU L'HISTOIRE DU VRAI PETIT POUCET
*********
Il était une fois un pauvre paysan. Un soir qu'il était assis près de l'âtre et
tisonnait le feu pendant que sa femme filait, il dit :
- Qu'il est triste que nous n'ayons pas d'enfant. Chez nous, tout est silencieux
; chez les autres il y a du bruit et l'on est joyeux.
- Oui, répondit sa femme en murmurant, même s'il n'y en avait qu'un, même s'il
était tout petit, grand comme un pouce, je serais bien contente. Nous
l'aimerions quand même de tout notre coeur.
Il arriva alors que la femme tomba malade. Au bout de sept mois, un enfant
naquit, fort bien conformé, mais pas plus grand que le pouce. Alors, les parents
dirent :
- Il est comme nous l'avions souhaité ; il faut que nous l'aimions.
Ils le nommèrent Petit Poucet. Ils ne le laissèrent jamais manquer de
nourriture. Mais l'enfant ne grandissait pas. Il restait comme aux premières
heures de sa naissance. Ses yeux étaient intelligents et il apparut bientôt
comme très éveillé et très agile ; tout lui réussissait.
Un jour, le paysan s'apprêta pour aller à la forêt couper du bois et il se
disait : « je voudrais bien que quelqu'un m'y amène la charrette. »
- Oh ! père ! cria le Petit Poucet, je vous amènerai la charrette, remettez-vous
en à moi : elle sera dans la forêt à l'heure voulue.
Alors l'homme se mit -à rire et dit :
- Comment cela se pourrait-il ? Tu es bien trop petit pour tenir les rênes du
cheval. - Ça ne fait rien, père. Pourvu que maman l'attelle. je me placerai dans
l'oreille du cheval et je lui dirai où il doit aller.
- Bon ! dit le père. Essayons !
Lorsque le moment fut venu, la mère attela et plaça le Petit Poucet dans
l'oreille du cheval et il lui indiqua le chemin à suivre. « Hue ! Oh ! Dia ! »
On eût dit un vrai charretier et la voiture prit le bon chemin, vers la forêt.
Juste au moment où elle arrivait à un tournant et comme le petit criait « Dia !
», deux étrangers s'approchèrent.
- Ça alors ! dit l'un, qu'est-ce que cela ? Voilà une voiture, on entend le
charretier, mais on ne le voit pas.
- Ce n'est pas normal, dit le second. Nous allons suivre la charrette et voir où
elle s'arrêtera.
La voiture, cependant, allait son chemin, tout droit vers le lieu où l'on
abattait le bois. Lorsque le Petit Poucet aperçut son père, il lui cria :
- Tu vois, père, me voilà avec la charrette. Fais-moi descendre.
Le père retint le cheval de la main gauche et, de la droite, il sortit son petit
garçon de l'oreille. Celui-ci alla s'asseoir sur un brin de paille, tout joyeux.
Lorsque les deux étrangers virent le Petit Poucet, ils restèrent muets
d'étonnement. L'un d'eux prit l'autre à l'écart et lui dit :
- Écoute voir : ce petit pourrait faire notre bonheur si nous le montrions pour
de l'argent dans une grande ville. Il n'y a qu'à l'acheter.
Ils s'approchèrent du père et lui dirent :
- Vendez-nous le petit homme. Avec nous, il sera bien.
- Non, répondit le père. Je l'aime et pour tout l'or du monde il ne serait pas à
vendre. Mais le Petit Poucet qui avait entendu, grimpa sur son épaule et lui
murmura à l'oreille :
- Père, vends-moi donc. je m'arrangerai bien pour revenir.
Alors le père le vendit aux deux hommes pour une belle pièce d'argent.
- Où veux-tu t'asseoir ? lui demandèrent-ils.
- Bah ! mettez-moi sur le bord de votre chapeau. je pourrai m'y promener tout en
regardant le paysage et je ne tomberai pas.
Ils firent selon sa volonté et lorsque le Petit Poucet eut pris congé de son
père, Ils partirent en l'emmenant.
Ils marchèrent jusqu'au crépuscule. Alors le Petit Poucet dit :
- Faites-moi descendre ; j'ai un besoin.
- Reste là-haut, dit l'homme sur le chapeau duquel il se trouvait. Ça ne me fera
rien ; il arrive bien que les oiseaux aussi me laissent tomber quelque chose
dessus.
- Non, dit le Petit Poucet, je sais de quoi il s'agit, faites-moi vite
descendre. L'homme enleva son chapeau et posa le Petit Poucet dans un champ au
bord de la route. Alors celui-ci sauta et gambada un moment au milieu des mottes
de terre puis il s'enfila tout à coup dans un trou de souris qu'il avait
découvert.
- Bien le bonsoir, Messieurs, rentrez chez vous sans moi ! leur cria-t-il en
riant.
Ils s'approchèrent du trou : y plongèrent un bâton, mais en vain ! Le Petit
Poucet allait toujours plus loin et, comme il allait bientôt faire complètement
nuit, plein de dépit, les deux hommes durent rentrer chez eux les mains vides.
Lorsque le Petit Poucet s'aperçut qu'ils étaient partis, il sortit de son trou.
C'est bien dangereux de marcher la nuit dans un champ, se dit-il, on se rompt
facilement le cou et les jambes ! Par chance, il se heurta à une coquille
d'escargot vide. « Grâce à Dieu ! dit-il, voilà un abri sûr pour passer la nuit.
» Et il s'y installa. Comme il allait s'endormir, il entendit deux hommes qui
passaient. L'un disait :
- Comment allons-nous nous y prendre pour voler au riche curé son or et son
argent ?
- Moi Je pourrais te le dire, s'écria le Petit Poucet.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda l'un des voleurs effrayé. J'ai entendu parler
quelqu'un.
Ils restèrent immobiles et écoutèrent.
Alors le Petit Poucet dit à nouveau :
- Emmenez-moi et je vous aiderai.
- Où es-tu donc ?
- Cherchez par terre et repérez d'où vient la voix, répondit-il.
Finalement, les voleurs le découvrirent et ils le soulevèrent.
- Petit avorton, comment veux-tu nous aider ? lui dirent- ils.
- Eh bien ! répondit-il, je me glisserai dans la chambre du curé, à travers les
barreaux de fer et je vous passerai tout ce que vous voudrez.
- D'accord, dirent-ils. On va voir ce dont tu es capable.
Lorsqu'ils arrivèrent au presbytère, le Petit Poucet s'introduisit dans la
chambre et cria aussitôt de toutes ses forces :
- Voulez-vous avoir tout ce qui se trouve ici . Les voleurs eurent peur et
dirent :
- Parle donc plus bas, tu vas éveiller quelqu'un.
Mais le petit Poucet fit comme s'il n'avait pas compris et cria à nouveau :
- Que voulez-vous ? Voulez-vous avoir tout ce qui se trouve ici ?
La cuisinière, qui couchait à côté, entendit, se dressa sur son lit pour
écouter. Par peur, les voleurs s'étaient un peu éloignés. Finalement, ils
reprirent courage et songèrent : Le petit bonhomme veut se moquer de nous. Ils
revinrent et lui murmurèrent :
- Sois sérieux et passe-nous quelque chose.
Alors le Petit Poucet cria de nouveau aussi fort qu'il put.
- Je vais tout vous donner. Tendez la main à l'intérieur.
La bonne, qui était aux écoutes, l'entendit très clairement. Elle bondit hors du
lit et poussa la porte. Les voleurs s'enfuirent et coururent comme s'ils avaient
le diable aux trousses. La bonne, qui ne voyait rien, alla chercher de la
lumière. Lorsqu'elle revint, le Petit Poucet, sans qu'elle l'eût aperçu, se
faufila dans la grange. La bonne chercha dans tous les coins et, ne trouvant
rien, elle regagna son lit, pensant qu'elle avait rêvé les yeux ouverts.
Pendant ce temps, le Petit Poucet était monté dans une auge à foin et avait
trouvé une bonne place pour dormir. Il voulait s'y reposer jusqu'au jour et
revenir ensuite chez ses parents. Mais il allait connaître d'autres aventures !
Oui, il y a beaucoup d'affliction et de misère de par le monde ! À la pointe du
jour, la bonne se leva pour venir nourrir les bêtes. Elle alla d'abord dans la
grange où elle prit une brassée de foin. juste là où se trouvait le Petit Poucet
! Il dormait si fort qu'il ne s'aperçut de rien et ne s'éveilla qu'au moment où
il se trouva dans la gueule d'une vache qui l'avalait avec son foin.
- Mon Dieu, s'écria-t-il, comment suis-je arrivé entre les meules d'un moulin !
Mais il comprit bientôt où il se trouvait. Il s'agissait de faire attention à ne
pas être écrasé entre les dents. Ensuite, il lui fallut glisser jusque dans
l'estomac.
- On a oublié les fenêtres dans cette chambre ! dit-il, et le soleil n'y pénètre
pas. Il n'y apporte pas de lumière !
De toute façon, l'appartement ne lui plaisait pas. Et voici le plus ...
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