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GRIMM BRÜDER
Title:FRED ET KATIA
Subject:GERMAN FICTION
Jacob et Wilhelm GRIMM
FRED ET KATIA
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Il était une fois un jeune homme qui s'appelait Fred. Sa femme s'appelait Katia.
Ils n'étaient pas mariés depuis longtemps, ils étaient donc de jeunes mariés. Un
jour, Fred dit :
- Je m'en vais travailler aux champs, Katia, à mon retour je voudrais voir sur
la table un bon rôti pour assouvir ma faim et une bière bien fraîche pour
étancher ma soif.
- Vas-y, Fred, répondit Katia, tu peux compter sur moi, je préparerai tout comme
il faut.
L'heure du déjeuner approcha et Katia décrocha de la cheminée une grosse
saucisse et la fit frire dans une poêle dans laquelle elle avait mis
préalablement un morceau de beurre. La saucisse commença à griller et à frire et
Katia était debout devant sa poêle et toutes sortes de pensées lui passaient par
la tête. Soudain, elle eut une idée :
- Le temps que la saucisse grille, je pourrais aller tirer la bière à la cave.
Elle mit un support sous le manche de la poêle, prit une cruche, descendit à la
cave et commença à tirer la bière. La cruche se remplissait et Katia regardait.
Soudain, elle s'affola :
- Bon Dieu, le chien là-haut n'est pas attaché ! Et s'il avait l'idée de me
tirer la saucisse de la poêle? Il ne manquerai plus que ça !
Et sur-le-champ, elle grimpa l'escalier de la cave quatre à quatre. Mais le
chien tenait déjà la saucisse dans sa gueule et s'enfuyait en la traînant par
terre.
Katia se lança immédiatement à sa poursuite. Elle lui courut après un bon bout
de temps dans les champs, mais le chien était plus rapide et ne lâchait pas sa
prise. La saucisse, heurtant les mottes de terre, disparut au loin.
- Ce qui est parti, on ne peut plus le rattraper, pensa Katia revenant sur ses
pas. Et, épuisée par la course folle, elle marchait à pas lents pour se
remettre.
Pendant ce temps-là, la bière dans la cave coulait à flots du fût, puisque Katia
avait oublié de fermer le robinet. Et lorsque la cruche fut pleine, la bière,
n'y trouvant plus de place, se mit à se déverser tout naturellement dans la cave
et ne s'arrêta pas avant que le fût ne fut entièrement vide. Déjà dans
l'escalier Katia vit la catastrophe.
- Ciel ! s'écria-t-elle, comment vais-je faire pour que Fred ne s'aperçoive de
rien ? !
Elle réfléchit un court instant et se rappela qu'il leur restait encore au
grenier, depuis la dernière foire, un sac de farine de blé ; elle le descendrait
alors à la cave et verserait la farine sur la bière.
« Voilà qui est bien, se félicita-t-elle, ce que tu arrives à mettre de côté au
bon moment, tu le retrouves dans le besoin. »
Elle monta alors au grenier, descendit le sac à la cave et le jeta sur la cruche
remplie de bière. La cruche tomba et c'est ainsi que même la dernière bière de
Fred se répandit dans la cave.
« Tout compte fait, c'est bien comme ça, se dit Katia, une fois que c'est fait.
Et puis, maintenant, tout est bien ensemble. »
Elle répandit la farine dans toute la cave et lorsqu'elle eut fini, elle sauta
de joie, pleinement satisfaite de son oeuvre :
« C'est tout propre chez nous, c'est très joli !»
À midi, Fred rentra à la maison.
- Que m'as-tu préparé de bon à manger, ma petite femme ?
- Oh, mon petit Fred ! commença Katia, j'ai voulu griller une saucisse pour te
faire plaisir, mais pendant que j'étais en train de tirer la bière dans la cave,
le chien me l'a volée dans la poêle. Et après, pendant que je poursuivais le
chien, toute la bière a coulé dans la cave et, comble de tout, lorsque j'ai
voulu assécher la cave avec de la farine de blé, j'ai renversé la cruche. Mais
ne t'en fais pas, la cave est de nouveau bien sèche.
- Ma petite Katia, dit Fred, tu n'aurais pas dû faire ça. Te faire voler la
saucisse, laisser couler toute la bière du fût et, de plus, répandre toute notre
farine fine !
- Mais je ne le savais pas, mon petit Fred, tu aurais dû me le dire.
« Avec une telle femme, se dit le jeune marié, il va falloir être prudent. » Il
avait économisé une belle petite somme et venait de l'échanger contre des pièces
d'or. Il les montra à Katia :
- Regarde, ma petite chérie, j'ai là des pièces jaunes de quatre sous. Je les
mettrai dans une marmite et je les enterrerai dans l'étable près de la vache,
sous l'auge. Mais je te préviens : il ne faut pas que tu y touches, sinon cela
va mal se passer.
- Mais bien sûr, mon petit Fred, promit Katia, je ne vais absolument pas les
toucher.
Mais à peine Fred eut-il tourné les talons que des marchands de poterie
arrivèrent au village et proposèrent des marmites en terre et toute autre
vaisselle. Ils demandèrent également à la jeune ménagère si elle était
intéressée.
- Vous n'y pensez pas, braves gens, refusa Katia, je voudrais bien mais je n'ai
pas d'argent. À moins que vous ne vous contentiez des pièces de quatre sous
jaunes. Dans ce cas, je pourrais vous acheter quelque chose.
- Des pièces de quatre sous jaunes ? Pourquoi pas ! Il faut voir, montrez-les
nous !
- Vous n'avez qu'à aller dans l'étable et les déterrer, elles sont sous l'auge.
Moi, je ne dois pas y toucher.
Les potiers filous allèrent à l'étable et déterrèrent les pièces d'or sous
l'auge. Ils empochèrent le tout et partirent en courant en abandonnant dans la
maison marmites et vaisselle. Mais dans la cuisine de Katia il y avait de la
vaisselle à ne plus savoir qu'en faire, il fallait donc qu'elle trouve une
utilité à tous ces nouveaux objets. Elle défonça alors toutes les marmites et
tasses et les accrocha sur les palis de la clôture tout autour de la maison.
Lorsque Fred rentra à la maison, il fut consterné par cette nouvelle décoration.
- Qu'as- tu fait, ma petite Katia ?
- J'ai pu acheter tout ça, mon Fred chéri, pour les pièces jaunes de quatre sous
qui étaient sous l'auge. Mais je ne les avais pas touchées, ça, pas question,
les marchands ont bien été obligés de se les déterrer eux-mêmes.
- Mon Dieu ! s'écria Fred, qu as-tu fait, malheureuse ! Ce n'étaient pas des
pièces de quatre sous jaunes mais de l'or pur, et toute notre fortune ! Tu
n'aurais jamais dû me faire ça.
- Eh bien ! je ne le savais pas, mon petit Fred, tu aurais dû me le dire avant.
Katia réfléchit un petit moment, puis elle s'écria :
- Sais-tu quoi, Fred ? Nous rattraperons ces voleurs et ils seront bien obligés
de nous rendre notre or !
- Bon, d'accord, dit Fred, on va essayer. Mais prends du beurre et du fromage
pour qu'on ait de quoi manger sur la route.
- Je vais en prendre, Fred, je vais en prendre.
Et ils s'élancèrent. Fred allait plus vite, Katia traînait à l'arrière et
prenait du retard.
« C'est un avantage, se dit-elle, j'aurai de l'avance sur le chemin de retour. »
Le chemin était en pente et des deux côtés il y avait de profondes ornières.
- Regardez donc ça, dit Katia, comme ils ont défoncé, déchiré et meurtri la
terre ! Elle ne guérira jamais.
Compatissante, elle prit le beurre et en badigeonna les ornières, à gauche et à
droite, pour que les empreintes des roues de charrettes ne leur fassent plus
mal. Toute penchée et absorbée par son travail, elle fit tomber de sa poche un
morceau de fromage qui se mit à dévaler la pente. Et Katia raisonna ainsi .
« J'ai déjà gravi cette pente une fois et je n'ai pas envie de recommencer.
Qu'un autre fromage le rattrape et me rapporte le premier. »
Elle prit un autre petit fromage et lui fit descendre la pente. Comme ils ne
revenaient pas, elle en envoya un troisième à leur poursuite.
« Ils attendent sans doute d'être plus nombreux, pensa-t-elle, ils n'aiment pas
marcher seuls. »
Comme, même à trois, ils ne revenaient pas, elle se dit :
« Je ne sais vraiment pas ce qui se passe. Il se peut que le troisième se soit
trompé de chemin et se soit égaré ; je vais en envoyer un quatrième pour me le
ramener. »
Or, le quatrième fromage ne fit pas mieux que le troisième. Katia se mit alors
en colère et lança même le cinquième et le sixième fromage ; elle n'en avait
plus d'autres. ...
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