  | 
		 
		   
			|                      | 
			
				GRIMM BRÜDER 
  Title:CHAT ET SOURIS ASSOCIÉS  
				 
				
Subject:GERMAN FICTION 
				 
		         
				
  
				Jacob et Wilhelm GRIMM  
 
 
CHAT ET SOURIS ASSOCIÉS 
 
 
********* 
 
 
 
Le chat fit la connaissance d'une souris. Il l'assura si bien que ses sentiments  
envers elle étaient amicaux et chaleureux que la souris se laissa convaincre et  
finit par accepter de vivre avec le chat, sous le même toit.  
- Il nous faudra faire nos réserves de nourriture pour l'hiver, dit le chat,  
sinon nous risquons de mourir de faim. Toi, ma petite souris, tu ne peux pas  
aller partout, tu pourrais te faire prendre dans un piège.  
C'était une bonne idée. Ils achetèrent alors un petit pot de saindoux mais ne  
savaient pas où le cacher. Ils réfléchirent longtemps et, finalement, le chat  
décida : 
- Sais-tu ce que nous allons faire ? Nous le cacherons dans l'église ; on ne  
peut imaginer meilleure cachette ! Personne n'oserait emporter quelque chose  
d'une église. Nous poserons le pot sous l'autel et nous ne l'entamerons qu'en  
cas de nécessité absolue.  
Ils portèrent donc le pot en ce lieu sûr, mais très vite le chat eut envie de  
saindoux. Il dit à la souris:  
- Je voulais te dire, ma petite souris, ma cousine m'a demandé d'être le parrain  
de leur petit dernier. Ils ont eu un petit, blanc avec des taches marron et je  
dois le tenir pendant le baptême. Laisse-moi y aller, et occupe-toi aujourd'hui  
de la maison toute seule, veux-tu ?  
- Bien sûr, sans problème, acquiesça la souris, vas-y, si tu veux, et pense à  
moi quand tu mangeras des bonnes choses. J'aurais bien voulu, moi aussi, goûter  
de ce bon vin doux qu'on donne aux jeunes mamans.  
Mais tout cela était faux ; le chat n'avait pas de cousine et personne ne lui  
avait demandé d'être parrain. Il s'empressa d'aller à l'église, rampa jusqu'au  
petit pot de saindoux et lécha jusqu'à avoir mangé toute la graisse du dessus.  
Ensuite, il partit se promener sur les toits pour voir ce qui se passait dans le  
monde, et puis surtout pour trouver encore quelque chose de bon à manger. Puis  
il s'allongea au soleil. Et chaque fois qu'il se souvenait du petit pot de  
saindoux, il se léchait les babines et se caressait la moustache. Il ne rentra à  
la maison que dans la soirée.  
- Te voilà enfin de retour ! l'accueillit la petite souris. T'es-tu bien amusé ?  
Vous avez dù bien rire.  
- Oui, ce n'était pas mal, répondit le chat.  
- Et quel nom avez-vous donné à ce chaton ? demanda la souris.  
- Sanledessu, répondit sèchement le chat.  
- Sanledessu ? chicota la souris, quel drôle de nom ! Assez rare, dirais-je.  
Est-il courant dans votre famille ?  
- Tu peux dire ce que tu veux, rétorqua le chat, mais ce n'est pas pire que  
Volemiettes, le nom de tes filleuls.  
Peu de temps après, le chat se sentit de nouveau l'eau venir à la bouche.  
- Sois gentille, supplia-t-il, occupe-toi encore une fois de la maison toute  
seule. Fais cela pour moi, petite souris ; on m'a encore demandé d'être le  
parrain. Le chaton a une collerette blanche au cou, je ne peux pas refuser.  
La gentille souris fut d'accord. Et le chat se glissa à travers le mur de la  
ville, s'introduisit dans l'église et vida la moitié du pot de saindoux.  
- Rien à faire, se dit-il, c'est bien meilleur quand on mange tout seul.  
Et il se félicita de son exploit.  
Lorsqu'il arriva à la maison, la petite souris demanda : 
- Comment avez-vous baptisé le bébé ?  
- Miparti, répondit le chat.  
- Miparti ? Pas possible ! je n'ai jamais entendu un nom pareil. Je parie qu'il  
n'est même pas dans le calendrier.  
Le chat ne tarda pas à se sentir de nouveau l'eau à la bouche en pensant au pot  
de saindoux.  
- Jamais deux sans trois, dit-il à la souris. On me demande de nouveau d'être le  
parrain. L'enfant est tout noir, seules les pattes sont blanches, elles mis à  
part, il n'a pas un seul poil blanc. Un enfant comme ça ne nait qu'une fois par  
siècle ! Tu me laisseras y aller, n'est-ce pas ? 
- Sanledessu ! Miparti ! répondit la souris, ce sont des noms si étranges. Cela  
ne s'est jamais vu. Ils me trottent dans la tête sans arrêt.  
- C'est parce que tu restes tout le temps ici, avec ta vilaine robe gris foncé à  
longue natte, tu passes toutes tes journées enfermée ici, pas étonnant que tout  
se brouille dans ta tête, dit le chat. Voilà ce qui arrive quand on passe sa vie  
dans ses pantoufles.  
Le chat parti, la petite souris fit le ménage dans toute la maison. Pendant ce  
temps-là, le chat gourmand vida entièrement le pot de saindoux.  
- Et voilà, pensa-t-il, maintenant que j'ai tout mangé, je ne serai plus tenté. 
Si repu qu'il s'essoufflait en marchant, il ne rentra à la maison que la nuit,  
mais serein.  
La petite souris lui demanda aussitôt le nom du troisième chaton.  
- Je suis sûr que tu n'aimeras pas, répondit le chat. Il s'appelle Toufini.  
- Toufini ! chicota la souris. Cela parait suspect, ce nom ne me dit rien qui  
vaille. Je ne l'ai jamais vu imprimé quelque part. Toufini ! Qu'est ce que cela  
veut dire, en fait ?  
Elle hocha la tête, se roula en boule et s'endormit.  
Depuis ce jour, plus personne n'invita le chat à un baptême.  
L'hiver arriva, et dehors, il n'y avait rien à manger. La petite souris se  
rappela qu'ils avaient quelque chose en réserve.  
- Viens, mon chat, allons chercher notre pot de saindoux que nous avons caché  
pour les temps durs. On va se régaler.  
- Tu te régaleras, tu te régaleras, marmonna le chat, cela sera comme si tu  
sortais ta petite langue fine par la fenêtre.  
Ils s'en allèrent et lorsqu'ils arrivèrent dans l'église, le pot était toujours  
à sa place mais vide.  
- « Ça y est, dit la souris, je comprends tout, j'y vois clair à présent. Tu  
parles d'un ami ! Tu as tout mangé quand tu allais « faire le parrain » :  
d'abord « Sanledessu », puis « Miparti » et pour finir...  
- Tais-toi, coupa le chat, encore un mot et je te mange ! 
Mais la petite souris avait le « Toufini » sur la langue, et à peine l'eut-elle  
prononcé que le chat lui sauta dessus, l'attrapa et la dévora.  
Eh oui, ainsi va le monde.  
 
 
 
...				
		 | 
		
			  
		 | 
		 
    
 |